LE MONGOL S’EN EST ALLÉ

C’était l’un des plus grands rugbymans de l’Histoire du sport français. Michel Crauste, dit le Mongol, s’en est allé à l’âge de 84 ans, laissant derrière lui une panoplie d’exploits plus nombreux les uns que les autres, avec son superbe placage à la cravate, qu’il distribuait dès qu’il le désirait, faisant valser ses adversaires.

Le landais, né en 1934, avait été attiré très tôt dans le rugby, champion de France juniors en 1954 avec le Racing-Club de France, avant d’être finaliste malheureux du Championnat de France en 1957. Il a attendu 1959 pour remporter son premier Trophée de Brennus, et le soulever en triomphe. En 1960 et en 1968, il est également vainqueur du Championnat de France avec Lourdes. À partir de 1957, il devient l’un des piliers du XV de France. Titulaire indiscutable, Crauste n’aura connu que deux défaites en étant capitaine à vingt-deux reprises. Il faisait partie de l’équipe tricolore vainqueure des Springboks australiens sur leurs terres en 1964. Deux ans plus tôt, il est entré dans l’Histoire du rugby tricolore, devenant le premier rugbyman à claquer un « coup du chapeau » (trois essais dans un même match) dans un « Crunch » face à l’Angleterre à Colombes.

Mais ce rugbyman n’avait pas que le sport dans sa vie. Il était monté à Paris pour suivre un cursus à l’école EDF de Gurcy-le-Châtel, maison des jeunes du Racing. Il pouvait même débuter sa carrière internationale un an plus tôt, mais le sélectionneur de l’époque, qui était également dirigeant du Racing, Roger Lerou, ne voulait pas qu’on l’accuse de favoritisme en alignant ses deux poulains du Racing, François Moncla (qui s’est lié d’amitié durant toute sa vie avec Crauste), et donc Michel Crauste. Ce dernier fut surnommé Le Mongol pour sa moustache drue à la façon Attila, et pour ses placages que personne n’arrivait à bloquer. Quand Crauste s’est retiré du rugby à 32 ans en 1966, il comptait soixante-deux sélections, record mondial battu seulement six ans plus tard par Benoît Dauga.

S’il avait arrêté le rugby professionnel, il continuait à participer à certains matchs amateurs, comme en 1972 lorsqu’il jouait un match de « corpo » avec EDF, qui le laissera un temps paralysé, lui qui avait subi une fracture d’une apophyse. Son rapport à Dieu et à la religion lui aura conduit à la nécessité d’aider les malades et des nécessiteux lors de pèlerinages annuels. Sa droiture dans ses convictions, comme lorsqu’il soutenait Jean Fabre, alors que lui même était dans une liste adverse, lors d’élections à la Fédération Française de Rugby, l’a placé sur un piédestal dans le monde du rugby.

Ce fervent défenseur rejoint les étoiles du sport français, avec son humilité, sa bonne humeur, et son franc-parler qui lui plaisaient tant.


Auteur : João

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