LES RAPTORS, ÉTERNELS GAGNANTS

Il faudra sans doute prendre un peu de recul pour mesurer la portée symbolique et sportive de cette saison 2018-2019 de NBA. L’heure du bilan interviendra forcément dans les semaines prochaines, mais l’heure est aujourd’hui à la constatation de faits indéniables : les Toronto Raptors sont les champions 2019 de la NBA.

Historique a plus d’un titre, cette victoire est surtout la première d’une équipe non américaine dans une ligue qui était encore, il y a quelques années, considérée comme la plus fermée de la planète. Éternels perdants, souvent moqués pour leurs contre performances régulières au moment des matchs à enjeu, les canadiens avaient obtenu au cours du temps une réputation de «looser» qui semblait inhérente à chacune de leurs performances. Une franchise énormément décriée, qui avait fait de ses déboires un sujet usuel de discussions et de moqueries chez une majorité de suiveurs et spécialistes de la Ligue.

Pourtant, les supporters de Toronto Raptors se souviendront très longtemps de l’humiliation subie l’année dernière, en demi-finale de conférence Est, perdue sèchement (4-0) face aux Cavaliers de LeBron James. Cette énième déconvenue, dont l’équipe canadienne aurait aisément pu s’accommoder, aura en fait été le point de départ d’une saison qui marquera durablement la mémoire d’un pays. Arrivé en 2014 au sein de l’exécutif des Raptors, Masai Ujiri, dirigeant nigérian réputé pour sa science de la gestion, aura révolutionné dans le fond la structure de son club pendant cette intersaison. N’hésitant pas à briser l’ordre établi, ce dernier ne rechigne pas à se séparer de son franchise player DeMar DeRozan, pour s’octroyer les services du Claw Kawhi Leonard, moins estimé après une saison en demi-teinte avec les Spurs. Son contrat d’un an aura en réalité été le plus rentable de l’histoire de la franchise : un titre et un titre de MVP de finales pour celui qui aura, cette saison, définitivement fait taire les critiques qui s’élevaient contre sa prétendue capacité à porter une équipe. Idem au poste d’entraîneur, où le très apprécié Dwane Casey est remercié, et remplacé par l’inexpérimenté Nick Nurse, porteur malgré lui du poids des espérances de tout un pays.

Confortés par une saison régulière de haut standing (58 victoires sur 82 matchs, 2e meilleure performance de la ligue), les canadiens abordaient la seconde partie de saison avec une étiquette d’outsider, qui leur correspondait bien plus que celle de favoris, qu’ils avaient pu traîner à leurs dépens les saisons précédentes. Et là où le conservatisme aurait été de rigueur quelques années en amont, la franchise choisissait de récupérer le pivot Marc Gasol au prix d’un échange fructueux avec les Memphis Grizzlies, faisant de l’espagnol son nouveau pivot titulaire à l’aube des playoffs.

Des phases finales gérées de main de maître par un effectif soudé comme rarement, qui aura résisté à tous les vents contraires et les obstacles traditionnels. A leur aise face à des Magics nettement inférieurs, les coéquipiers de Danny Green se défaisaient par la suite de Philadelphie au prix d’un buzzer beater lors du match 7, qui restera longtemps dans les annales du championnat. Vainqueurs au terme d’une confrontation épique face aux Bucks de Giannis Antetokoumpo, ils s’apprêtaient à se casser les dents sur les Warriors de Stephen Curry, clairement supérieurs dans tous les compartiments du jeu. Mais la magie aura opéré. Privés de leur superstar Kevin Durant et en délicatesse avec plusieurs autres stars (dont Klay Thompson, absent lors du match 3, où Kevon Looney, qui aura joué les deux dernières rencontres avec une épaule en vrac), ces derniers ont finalement laissé passer un titre qui ne semblait pas pouvoir leur échapper. La volonté des Raptors était sans conteste plus forte, motivée par la pression de tout un peuple, et la volonté d’envoyer ses détracteurs vers d’autres horizons. Hier, voir Kyle Lowry soulever le trophée Larry O’Brien à été pour beaucoup le signe indéniable d’un changement. La NBA ne sera plus américaine pendant une saison, et les Raptors ont gravé pour toujours leur nom en tant que vainqueur d’une ligue les plus prestigieuses de la planète. Cette fois on peut le dire, les Raptors sont des éternels gagnants.


Auteur : Hadrien / Crédits Photos : BR – Getty – Reuters – NBA – Toronto Stars –

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