AVEC LES FÉLICITATIONS

Allons enfants de la patrie, leur jour de gloire est arrivé. Dix-neuf ans. 19. Habituellement, l’adage dit toujours que lorsque deux grands événements se suivent, lorsqu’un relais emporte l’un, il ne pourra remporter l’autre. Mais les statistiques sont faites pour être vaincues, et nos Bleus l’ont bien compris.

Après un carnage féminin, où le relais a pris une horrifique quatorzième position, loin derrière la grande Norvège, les Hommes avaient goût, avaient envie d’aller chercher la plus belle des médailles, la seule collective hors relais mixte. La seule breloque dorée qui manquait à l’immense palmarès d’un Martin Fourcade qu’on sent sur l’apogée de sa carrière. Alors, à l’image du relais 4×400 aux Championnats d’Europe de Zurich en 2015 en athlétisme, et la remontée fantastique d’une Floria Gueï qui voulait rendre fière sa compatriote Muriel Hurtis qui disputait la dernière course de sa carrière, les relayeurs français du jour voulaient offrir ce précieux cadeau à Martin Fourcade, incroyable sur les skis, revenant de nulle part après une saison 2018-2019 catastrophique, et qui triomphe modestement, comme à son habitude. Aujourd’hui encore, son palmarès s’étoffe un peu plus, mais il continue à ne pas s’en vanter, et à apprécier ces moments précieux que tous les sportifs espèrent du fond de leur coeur.

Décidément, Émilien Jacquelin sait retransmettre des frayeurs aux supporters français. Après avoir oublié son bâton lors du relais mixte où il a décroché le bronze avec Anaïs Bescond, le néo Champion du Monde de la Poursuite a frotté ses skis avec ceux de Fourcade au moment de la transmission de relais, Fourcade évitant la chute in-extremis. Pour Émilien, ce relais avait bien commencé avec un 5/5, il sort rapidement avec la Norvège emmenée par Christiansen et l’Allemagne de Lesser. Sur le debout, Jacquelin part une fois à la faute mais se rattrape avec sa pioche. Lesser sort en tête, devant Jacquelin pour moins d’une seconde, et largement devant Christiansen, auteur de trois fautes et d’un anneau de pénalité, à 38 secondes. Le passage de relais étant effectué, Fourcade affronte Horn dans un duel entre David et Goliath.

(…)Mais les deux se tiennent en respect, et aucun ne flanche malgré une pioche pour l’Allemand. Derrière, Johannes Dale revient bien en glanant dix secondes sur les skis dans le dernier tour, après trois pioches qui l’ont repoussé à 1min04.

La seconde moitié de course se poursuit avec le troisième relayeur qu’était Simon Desthieux. En-deçà de son niveau habituel cette semaine, le Tricolore ne s’est pas rassuré sur les skis aujourd’hui, rapidement repoussé à cinq secondes par Arnd Peiffer, et, après une pioche de chaque côté sur le tir debout, à douze secondes au moment du dernier passage de relais à Quentin Fillon Maillet. Exceptionnel sur les skis, QFM devait aussi compter sur un peu de chance et une erreur d’un monstre de la discipline, Benedikt Doll, pour aller chercher l’or. Et c’est finalement ce qui s’est passé sur le tir couché, où Quentin signait un impeccable 5/5 en tirant plus vite que Lucky Luke, là où Doll lâchait trois pioches. Derrière, Johannes Boe continuait de lâcher des pioches et se retrouvait autour de la minute de retard : le titre allait se jouer entre Français et Allemands. Mais aujourd’hui, ce n’était pas Waterloo mais bien Antholz Antherva : Quentin décoche deux pioches, mais voit Doll aller faire un tour de pénalité. Il sort du circuit avec une trentaine de secondes d’avance, alors que l’Allemand se fait rattraper par Johannes Boe.

Quentin peut savourer, Émilien peut savourer, Simon peut savourer, et, surtout, Martin peut savourer : ils sont champions du monde, dix neuf ans après le dernier relais masculin sur ces Championnats du Monde. Et même si ce chemin parcouru aura été long, la beauté du biathlon réside dans ces moments-là, précieux, et gravés pour l’éternité, comme les larmes d’un Martin Fourcade beaucoup plus expressif qu’à l’accoutumée. Car c’est ça le sport : un sportif est avant tout un Homme, avec un coeur et des sentiments. Merci Messieurs.


Auteur : João

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