CHAPEAU

On s’y attendait, mais on ne voulait pas s’y préparer. C’est par un post sur ses réseaux sociaux que Martin Fourcade a officialisé sa retraite à la fin de la saison, qui aura lieu demain avec une dernière poursuite où il pourra glaner son dernier Gros Globe de Cristal, à Kontiolahti.

Depuis plusieurs semaines, voire depuis l’an dernier, les rumeurs enflaient de plus en plus sur une future annonce de retraite. Ce sera finalement à 19h53 en ce Vendredi 13 Mars 2020 que l’annonce a été faite, au grand désespoir de tout fan, qui idolâtre Fourcade comme un Dieu du Sport. Car il en est un finalement. Un Dieu, une légende du sport comme il en existe très peu, et surtout pas en France, il en est peut-être l’unique représentant dans l’Hexagone. Sa carrière aura débuté en durant la saison 2008-2009, quelques mois après avoir remporté sa première médaille, en bronze, sur le relais junior aux Championnats du Monde. Sa première saison aura été déjà prometteuse, avec deux premiers Top 10 à Hochfilzen et PyeongChang. Mais 2010 sera surtout l’année révélatrice de l’immense talent de Fourcade. Après plusieurs Top 10, il glane une breloque d’argent sur la mass-start des Jeux Olympiques de Vancouver, où il réalise un dernier tour de haute volée, où il rattrapera Sumann et Hurajt coup sur coup pour s’adjuger la seconde place. Derrière, il poursuit sa progression en allant chercher son premier podium en Coupe du Monde, sur l’étape de Kontiohlati, un 13 mars, en 2010, sur le 10 km sprint. Il continue son week-end de fou en décrochant sa première victoire lors de la poursuite, puis sur le sprint et la poursuite à Holmenkollen. Sa saison se termine par une magnifique cinquième place au classement mondial, pour sa seconde saison dans l’élite.

2011 confirme les dires des spécialistes : Martin Fourcade est bien une star en devenir. Si sa saison globale ne comporte que trois victoires et une troisième place en Coupe du Monde, les Championnats du Monde de biathlon à Khanty-Mansiik le couronneront de fleurs : après une médaille de bronze sur le relais mixte, il devient vice-champion du monde du sprint, et obtient surtout pour la première fois de sa carrière, à 22 ans, le titre de Champion du Monde en poursuite. Prétendant au gros globe de cristal, sa saison 2011-2012 démarre sur les chapeaux de roue avec deux victoires d’entrée. Il réalise un mano-à-mano avec Svendsen sur le début de saison, mais connaîtra une forte accélération lors des Championnats du Monde à Ruhpolding, où il devient triple Champion du Monde en sprint, en poursuite et en mass-start : il est seulement le troisième biathlète à réaliser ce triplé lors de Championnats du Monde. Il enchaîne en Coupe du Monde en remportant le sprint de Khanty, et s’offre les globes de poursuite et de sprint, et le Gros Globe de cristal, pour la première fois de sa carrière. 2013 confirme la situation, avec un grand chelem en Coupe du Monde, dont il remporte tous les globes, et surtout le Gros Globe de Cristal. Aux Championnats du Monde, il remporte un nouveau titre de Champion du Monde, sur l’Individuel.

Sa seconde année olympique, en 2014, sera l’année de la consécration : il visait deux médailles d’or, il en obtiendra deux. S’il ne finit que sixième du sprint, il obtiendra l’or sur la poursuite, se permettant même de lever le poing en l’air vers son entraîneur. Sur le 20 kilomètres individuel, il va chercher un 19/20 aux tirs, et surtout le meilleur temps sur les skis pour décrocher un second titre dans ces Jeux Olympiques, devenant le premier biathlète français à réaliser cette prouesse depuis Jean-Claude Killy en 1968, et devient surtout le sportif français le plus médaillé aux Jeux Olympiques d’Hiver. Il poursuit sa belle saison par un troisième Gros Globe de Cristal d’affilée, à trois épreuves de la fin. 2015 et 2016 seront deux années légendaires pour Martin Fourcade : huit victoires en 2015, et dix victoires en 2016 en Coupe du Monde, pour décrocher son quatrième puis son cinquième Gros Globe de Cristal consécutifs, pour la première fois de l’Histoire du Biathlon, et surtout écrit encore plus l’Histoire à Oslo, où, lors des Championnats du Monde, il décroche, non pas un, pas deux, pas trois mais… quatre titres mondiaux ! Après un titre au relais mixte, il enchaîne avec son septième titre individuel sur le sprint, puis sur la poursuite, et pour finir par un sacre sur l’individuel. Il décroche ainsi le Grand Chelem avec le petit globe de chaque spécialité, et entre encore plus dans l’Histoire du sport, qui se confirme une nouvelle fois sur l’année 2017, où il réalise un record de victoires sur un hiver, avec… quatorze victoires dont un sixième Gros Globe d’affilée, et un 3e Grand Chelem, sans parler de son dixième titre mondial individuel lors de la poursuite à Hochfilzen.

Sa troisième et dernière année olympique, en 2018, sera la plus grande et belle page de la carrière de Martin Fourcade. Après avoir été désigné comme porte-drapeau de la délégation française, Fourcade commence ses Jeux Olympiques de PyeongChang avec une décevante 8e place au sprint, après trois erreurs sur le premier tir couché. Mais son aura de légende se réveillera dès le lendemain, lorsqu’il va chercher son troisième titre olympique, rejoignant dans l’Histoire du sport français le skieur Jean-Claude Killy, en poursuite. Et comme un symbole, il prend le temps de serrer le poing et de lever les bras au ciel. S’il ne termine que cinquième de l’Individuel, Martin Fourcade n’a jamais fini de faire rêver, décrochant une dernière médaille d’or individuelle sur la mass-start, devant Simon Schempp, pour 0.018 secondes, où tout s’est joué à la photo-finish, comme quatre ans auparavant finalement. Deux jours après avoir battu le record de Killy, il s’envole vers un graal olympique, sur le relais mixte, en offrant l’or avec une fabuleuse remontée sur Peiffer : c’est son cinquième titre olympique ! Sa saison est loin d’être finie : il  la finit par un quatrième grand chelem et un septième Gros Globe consécutif.

Et, malgré une saison 2019 totalement ratée, où il finira sur une note terne et un zéro pointé aux Championnats du Monde d’Ostersund, il revient au sommet en 2020, pour ce qui sera finalement sa dernière saison. Après près d’un an sans victoire, il renoue avec le succès à Ostersund, où il est maître d’un quadruplé français historique : Fourcade s’impose sur l’individuel devant Simon Desthieux, Quentin Fillon Maillet et Emilien Jacquelin. Il continue sa quête avec le sprint d’Oberhof, et surtout s’impose sur la mass-start, où il ne s’était pas imposé depuis sa victoire à PyeongChang en 2018. A Ruhpolding, il s’offre une troisième victoire consécutive sur le sprint, avec un 10/10, pour la 80e victoire de sa grande carrière. Il continue sa moisson avec une victoire sur le relais et en poursuite. Ses derniers Championnats du Monde, à Antholz-Anselva, auront finalement eu l’effet d’un « tic » dans la tête de Fourcade. Après du bronze en sprint, il se classe quatrième de la poursuite, dominée par son compatriote Emilien Jacquelin. Il s’offre son dernier titre de Champion du Monde individuel, dans cette même spécialité, sa 82e victoire de sa carrière, sa 11e aux Championnats du Monde, égalant le record d’Ole Einar Bjorndalen. S’il finit ces championnats par une septième place en mass-start, il a réussi à briser une malédiction avec le relais français composé de Simon Desthieux, Emilien Jacquelin et Quentin Fillon-Maillet : il devient Champion du Monde en relais, pour la première fois de sa carrière : le premier relais français champion du monde en 19 ans !

Ce titre sera finalement la consécration d’une grande carrière, d’une immense carrière. Il a pleuré en écrivant son communiqué, on a pleuré en le lisant et en écrivant ces mots. Martin Fourcade quitte les pistes, mais ne restera jamais bien loin de ces dernières. Il restera ne serait-ce que dans les pensées, lui qui a su mener le biathlon au sommet, et médiatiser un sport spectaculaire si peu connu. Dorénavant, il y aura un avant, et un après Martin Fourcade. Merci. Chapeau.

Il y a dix ans, jour pour jour, Martin Fourcade montait pour la première fois sur un podium de Coupe du Monde. Aujourd’hui, il prend sa retraite après une immense carrière. Les hommes partent, les chiffres restent. Les légendes vivent.

Auteur : João


Auteur : João

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