LE GÉNIE DOMI (1972-2020)

Qu’a-t-on fait à 2020 pour mériter cela ? Kobe Bryant en janvier, Bruno Martini en octobre, Ray Clémence en début de ce mois de novembre, Alex Dupont et Jean-Baptiste Mendy en août, Nicolas Portal et Michel Hidalgo en mars, Stirling Moss et Robert Herbin en avril, Wes Unseld en juin et aujourd’hui, Christophe Dominici. La liste est longue, très très longue. 2020 ne nous aura pas épargnés, on le savait déjà, on peut encore davantage le confirmer en ce mardi 24 novembre.

Futur légendaire ailier du XV de France, Christophe Dominici se dirigeait pourtant au début de sa jeunesse au ballon rond : il arrive à atteindre les quarts de finale de la Coupe Gambardella (la Coupe de France des jeunes) où il perdra face à Monaco avec son club. Vers 17 ans, il rejoint le club de Solliès-Pont en tant que demi d’ouverture. Il accède à la troisième division, puis rejoint le club de La Valette à l’âge de 20 ans en seconde division. Il change de poste et passe en trois-quart centre. Deux ans après, il débarque à Toulon et change de nouveau de poste, et devient ailier. Onze fois remplaçant, il n’est titulaire qu’à quelques reprises durant sa première saison.

En 1997, Christophe Dominici va voir son entraîneur toulonnais pour une augmentation de salaire, alors que l’heure du professionnalisme du rugby français arrive. Mais voilà, Toulon négocie mal cette transition et refuse l’augmentation de salaire. C’est alors que Max Guasini et son équipe du Stade Français, qui venait d’être promu, débarque en première division. Le Président n’a qu’une volonté : que son club devienne un très grand club français, et même européen. Dès sa première saison avec le club francilien, Christophe Dominici devient Champion de France (1998), et s’offre sa première sélection en XV de France, face à l’Angleterre le 7 février 1998 : il inscrira d’entrée deux essais, même si un sera refusé. La France s’imposera tout de même (24-17).

Mais sa carrière prendra un tournant en 1999 avec cette mythique demi-finale de Coupe du Monde face à la Nouvelle-Zélande. Il y inscrira l’un des essais des plus marquants de l’Histoire du rugby, et même du sport français : après une chandelle de Fabien Galthié, l’ovale rebondit hasardeusement sur la pelouse. Christophe Dominici, qui venait de réaliser un superbe sprint, devance toute la défense néo-zélandaise, clouée sur place. Il inscrira l’essai qui fera basculer la France en tête (29-24) : le XV de France ne sera pas rattrapé (43-31). Véritable bourreau des All Blacks, Christophe Dominici faisait également partie du XV qui a dominé les Néo-Zélandais lors du quart de finale du Mondial 2007 (20-18). Avec le Stade Français, il poursuit sa razzia en décrochant quatre autres titres de Champion de France en 2000, 2003, 2004 et 2007. Il offrira une place en finale de la Coupe d’Europe au Stade Français avec un essai à la (80+5e) face à Biarritz en demi-finale (20-17) en 2005 avant de perdre en finale devant Toulouse (12-18 après prolongations), quatre ans après avoir atteint la première finale contre Leicester, perdue également (30-34).

Avec la France, il est donc parvenu à être vice-champion du Monde en 1999, mais il a également décroché quatre Tournois des Six Nations, dont deux Grand Chelem en 1998 et 2004. À chaque fois, il aura été à la base des nombreux succès de l’équipe de France dans les années 2000. Il aura inscrit 125 points, soit 25 essais en 65 sélections avec le XV de France. La figure emblématique du rugby français qu’était Christophe Dominici aura marqué bien plus que son sport, allant même jusqu’à participer à la célèbre émission Danse avec les Stars en 2016. Après la fin de sa carrière en 2008, il s’était reconverti en tant qu’entraîneur adjoint d’Ewen McKenzie au Stade Français. Quelques années après, il est devenu consultant pour RTL, L’Equipe, puis s’est présenté au comité directeur de la FFR, en vain. Plus récemment, il était au cœur du projet de rachat du club de Béziers, qui n’aura pas abouti. Christophe Dominici aura marqué de son empreinte le club du Stade Français, le XV de France, et le monde du rugby en général. Tous les acteurs du monde du sport, spectateurs comme joueurs, sont en deuil aujourd’hui. Ce « génie », comme il était décrit par Christian Jeanpierre lors de son essai face à la Nouvelle-Zélande, n’est plus. À 48 ans, celui qui était insaisissable avec ses appuis élégants mais surtout inégalables, n’est plus. Une légende de plus rejoint les étoiles du sport, qui ne cesseront jamais de briller dans le ciel – si triste- de cette année 2020.

Auteur : João

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